Les conseils pour avoir plus chaud la nuit en bivouac ne manquent pas. On en a répertorié 11 qu’on a classé en deux catégories : les indispensables et les optimisations.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, petit disclaimer : les premiers conseils pourront vous paraître évidents. Lisez-les quand même. Je suis prêt à parier que vous apprendrez quelque chose. Sinon, ça vous fera une petite piqûre de rappel.
En fin d’article, on rĂ©pond Ă cette idĂ©e très rĂ©pandue dans le milieu outdoor : uriner avant d’aller dormir permet d’avoir moins froid la nuit.
Bonne lecture !
Les indispensables pour ne pas avoir froid la nuit en bivouac
Ces indispensables forment la base de tout bivouac. Il n’y a pas besoin d’appliquer 8236 techniques pour ne pas avoir froid la nuit. Avant de penser aux astuces complémentaires, assure-toi de bien maîtriser ces fondamentaux.
Ne pas confondre température limite et température de confort
De nombreux sacs de couchage affichent une température dans leur nom. Prenons l’exemple du Hyperion 20F/-6C de chez Thermarest. Les mentions « 20F » (20 degrés fahrenheit) et « -6C » (-6 degrés celsius) peuvent laisser penser qu’il s’agit de la température à laquelle on peut dormir confortablement.
En réalité, -6°C correspond à la température limite, c’est-à -dire la température minimale pour laquelle une personne bien équipée (vêtements adaptés et matelas isolant) peut dormir sans ressentir de froid intense. Le premier conseil, qui peut paraître évident pour certains, est de s’assurer que le sac de couchage que tu as en ta possession est adapté pour dormir aux températures auxquelles tu vas être exposé.
Posséder un matelas avec une R-Value adaptée
Lorsque tu dors dans un sac de couchage, la partie entre ton corps et le sol est comprimée et donc inefficace. Or, le froid provenant du sol est une cause importante de perte de chaleur corporelle. La solution pour pallier ce problème est de posséder un matelas isolant.
Pour mesurer la résistance thermique d’un matelas de randonnée, il faut regarder la R-Value. Une R-Value inférieure à 2 convient pour des bivouacs estivaux où les températures ne descendent pas sous les 10°C la nuit. Entre 2 et 4, le matelas est adapté aux bivouacs en moyenne montagne du printemps à l’automne. Entre 4 et 6, il est possible de dormir sur la neige. C’est parfait pour des nuits par température négative. Au-delà de 6, tu peux dormir lors de nuits où le thermomètre affiche -20°C ou moins.
Ne pas porter des vĂŞtements humides
En trek, il n’est pas rare d’avoir les vêtements mouillés à cause de la transpiration, la pluie ou encore la condensation. Or, porter des vêtements humides diminue la capacité du corps à rester au chaud. Cela s’explique par le fait que l’eau a une conductivité thermique élevée et transfère la chaleur ou la fraîcheur 20 à 25 fois plus rapidement que l’air(1). Il est donc important de prévoir des vêtements de rechange afin de dormir au sec.
Un sac de couchage en duvet doit également rester sec. Dans le cas contraire, il perdra ses propriétés isolantes et deviendra inefficace. Lors d’une randonnée sous la pluie, veille à ce qu’il soit bien protégé, en le rangeant dans un sac étanche par exemple.
Bien choisir son lieu de bivouac
La température diminue d’environ 0,6°C tous les 100 mètres d’altitude. De ce fait, le premier conseil est de bien prévoir le lieu de ton emplacement de bivouac si tu es en montagne. Un randonneur moyen descend 500 mètres de dénivelé négatif par heure, ce qui permet de gagner approximativement 3°C.
Le deuxième conseil est de dormir à l’abri du vent. Plus ça souffle, plus la température ressentie est basse. On appelle ça le refroidissement éolien. A titre d’exemple, si le thermomètre indique 0°C et que le vent atteint 30 km/h, la température ressentie est de -6°C. Placer son campement derrière une haie ou un muret en pierre est un bon moyen de faire rempart.
Bien utiliser son sac de couchage
On a introduit ce chapitre le sac de couchage, nous allons le refermer avec ce même équipement qui reste la base d’une nuit en bivouac. Voici quelques conseils d’optimisation de ton sac de couchage :
- Un sac de couchage trop grand est moins performant car le corps doit chauffer un volume d’air trop important.
- Les sacs de couchage en forme rectangulaire sont moins efficaces que ceux en forme de sarcophage (également appelés momie) car l’espace au niveau des pieds est plus large.
- Étant non-couverte, la tête représente une source importante de perte de chaleur. La capuche a pour rôle de limiter ce phénomène.
- Déplier ton sac de couchage à l’avance permet au duvet de reprendre son gonflant et d’offrir une isolation optimale.
- Ajuster le sac de couchage Ă l’aide des cordons de serrage empĂŞche l’air froid de rentrer au niveau des Ă©paules.
Les optimisations pour avoir plus chaud dans son sac de couchage
Même en appliquant les 5 premiers conseils, tu continues d’avoir froid. Plusieurs raisons peuvent l’expliquer : une nuit plus fraîche que prévue, un sac de couchage vieillissant et moins performant ou encore une fatigue accrue réduisant ta capacité à maintenir une température corporelle adéquate.
Voyons quelques optimisations simples qui peuvent ĂŞtre mises en place pour maximiser la chaleur pendant la nuit.
Porter des vĂŞtements thermiques
Le vĂŞtement thermique est spĂ©cialement conçu pour aider Ă maintenir la tempĂ©rature corporelle en retenant la chaleur produite par le corps tout en Ă©vacuant l’humiditĂ©. Plus efficace qu’un vĂŞtement classique, il n’est pas indispensable mais peut s’avĂ©rer ĂŞtre une bonne option si tu as froid en bivouac.
Également appelé sous-vêtement technique, il se porte comme première couche, directement au contact de la peau. Il peut donc s’agir d’un t-shirt ou encore d’un legging. Sa matière est généralement composée de laine mérinos ou de fibres synthétiques tels que le Lycra.
Se couvrir la tĂŞte
L’idée selon laquelle le corps perdrait 50% de la chaleur corporelle par la tête est fausse. Ce chiffre provient d’une étude américaine datant des années 50 et a largement été remis en cause depuis, notamment par le British Medical Journal. Cependant, il reste nécessaire de la couvrir comme toute autre partie du corps
La capuche d’un sac de couchage (comme indiqué plus haut), un bonnet ou encore un buff sur la tête sont autant de moyens qui permettent de réduire la convection. Ce mécanisme désigne le transfert de chaleur par le mouvement de l’air. L’air chaud autour de la tête est remplacé par l’air froid ambiant, ce qui entraîne une déperdition thermique.
RĂ©duire les espaces vides dans le sac de couchage
Pour faire l’analogie avec une pièce de maison, plus cette dernière est grande, plus elle nécessite d’énergie pour être chauffée. C’est pareil pour un sac de couchage. Plus il y a d’espaces vides dans celui-ci, plus l’air chaud dégagé par ton organisme se disperse et n’est pas efficacement emprisonné.
Si tu ne possèdes pas de sac de couchage à la bonne taille, une astuce consiste à remplir les espaces vides avec des vêtements secs et non-utilisés. Outre le fait que ça permette de mieux conserver la chaleur, ça a aussi l’avantage de réchauffer tes vêtements qui ne seront pas gelés au moment de les mettre à ton réveil.
Dormir sous tente pour se protéger du vent et de l’humidité
Le vent accentue la perte de chaleur corporelle par convection, comme présenté précédemment. Quant à l’humidité, nous avons vu qu’elle a une conductivité thermique très élevée et compromet l’efficacité des vêtements et du sac de couchage.
Pour se protéger de ces éléments, dormir derrière un muret ou une haie peut suffire si le temps reste sec. La tente reste quand même le moyen le plus simple de bien se protéger du vent et de la pluie.
Le sursac (ou bivvy) est une alternative à la tente. Il constitue une protection plus légère et plus compacte que le tante et vient empêcher le vent et l’humidité d’atteindre le sac de couchage. Si tu débutes, la tente est davantage conseillée.
Posséder un sac à viande
Le drap de sac, souvent surnommé « sac à viande », est un accessoire qui se glisse dans ton sac de couchage. Il a une double utilité : protéger le sac de couchage contre les salissures ou la sueur mais aussi apporter un gain thermique.
A titre d’exemple, voici le gain de chaleur annoncé par la marque Cocoon, spécialisée dans les draps de sac :
Liste non-exhaustive – La liste complète est dans les sources
Il est important de garder à l’esprit que les chiffres annoncés par les fabricants ne sont pas basés sur une norme universelle. Ces valeurs doivent donc être prises comme des indications et non comme une vérité absolue.
Utiliser une bouillotte
La dernière astuce consiste à emmener avec soi une petite bouillotte. Si on ne remet pas en cause son efficacité, cet accessoire présente malgré tout quelques inconvénients. C’est du poids supplémentaire à porter dans son sac à dos. De plus, cela nécessite de consommer du gaz pour chauffer l’eau.
En alternative, il existe des chaufferettes légères pour les mains, les pieds ou même le corps. Cependant, elles présentes également des points négatifs : usage unique, impact environnemental ou encore durée limitée.
Les idées reçues pour se réchauffer
On clôt cet article avec des idées souvent partagées mais pas forcément vraies. Si certaines sont fausses, d’autres ont un impact trop peu important pour espérer se réchauffer.
Uriner avant de dormir
Les observations empiriques dans le monde de l’outdoor tendent à appuyer l’idée selon laquelle uriner avant de se coucher permettrait de ne pas avoir froid la nuit. Cela s’expliquerait par le fait que maintenir une vessie pleine mobilise de l’énergie que le corps n’utilise pas pour se réchauffer.
J’ai souhaitĂ© interroger plusieurs urologues pour vĂ©rifier cette information. Tous sont unanimes. Cette croyance populaire ne repose sur aucune preuve scientifique. Voici ce que dit l’un d’entre eux :
D’un point de vue physiologique, il n’y a pas de lien évident entre le fait d’avoir une vessie pleine et une consommation significative d’énergie par le corps. La vessie est un muscle qui ne consomme de l’énergie que lorsqu’elle se contracte pour se vider. Lorsqu’elle est pleine, elle est en position d’étirement passif, ce qui n’exige pas d’effort notable de la part du corps..
Manger avant de dormir
L’effet thermique des aliments, ou TEF pour Thermic Effect of Food, dĂ©signe l’Ă©nergie que ton corps utilise pour digĂ©rer ce que tu manges. Ce processus brĂ»le des calories et ça crĂ©e de la chaleur. Sur le papier, ça semble ĂŞtre une bonne idĂ©e pour ne pas avoir froid la nuit en bivouac dans son sac de couchage.
En rĂ©alitĂ©, l’impact de la thermogenèse alimentaire est limitĂ© face aux autres facteurs prĂ©sentĂ©s plus haut. Nul besoin de se goinfrer avant de dormir. Tu risques plus de te rĂ©veiller avec des ballonnements qu’autre chose !
Faire des exercices légers
Faire des exercices lĂ©gers, tels que des Ă©tirements, peut entraĂ®ner une lĂ©gère augmentation de la tempĂ©rature corporelle temporaire. Mais cet effet est gĂ©nĂ©ralement de courte durĂ©e et revient assez rapidement Ă la normale une fois l’exercice terminĂ©.
Comme pour le fait de manger avant de dormir, faire de l’exercice a un impact limitant par rapport aux autres astuces qui sont donc à privilégier.
Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout. Si tu as des questions ou que tu souhaites simplement partager tes astuces, n’hĂ©site pas Ă laisser un commentaire.